Concours de boules organisé par le Provençal |
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Titre de la collection
Provence Actualités
Date de première diffusion
27/07/1964
Résumé
Grande attraction du concours de boules organisé par le quotidien '' le Provençal '' au parc Borély de Marseille : la participation du chanteur et fantaisiste Henri Salvador.
Sociétés de production
-
Office national de radiodiffusion télévision française - Production propre
Chaîne de première diffusion
ORTF
Forme audiovisuelle
Journal
Thème principal
Sport et jeux
Lieux
- France - Sud Est - Marseille
Langue d'origine
Français
Contexte
Concours de boule organisé par le Provençal
Stéphane Mourlane
La compétition organisée en 1964 par le Provençal, bien réelle, s’inscrit dans imaginaire de la pétanque associée au Midi de la France, au point d’en devenir l’un des symboles.
La pétanque est l’une des formes du jeu de boules. Depuis l’Antiquité romaine de multiples pratiques en sont attestées. Le jeu de boule est, à partir du Moyen Age, l’un de ces jeux populaires traditionnels qui scandent les temps du repos et de la fête. Les règles ne sont pas écrites et varient localement, favorisant ainsi les solidarités villageoises. Avec l’émergence des sports modernes au XIXe siècle, qui implique une formalisation des règles et des pratiques ainsi que le regroupement en club, la boule lyonnaise prend le pas sur les autres jeux de boules. Sa domination lui vaut d’être aussi appelée « jeu national ». Dans le Sud de la France, toutefois, se développe une variante simplifiée que l’on qualifie de « jeu à la longue » ou de « jeu provençal ». S’il s’agit toujours d’envoyer les boules le plus près du but (cochonnet ou bouchon), le jeu se déroule sur un terrain plus grand et autorise le jet de la boule avec un élan de trois pas.
En 1907, un commerçant de la Ciotat, Jules Hugues dit « Le Noir », habitué du « jeu de boules Béraud » dirigé par les frères Pitiot à La Ciotat, se trouve dans l’impossibilité de lancer ses boules avec élan en raison de forts rhumatismes. Il est alors autorisé à rester les pieds joints fixés sur le sol. On parle alors en provençal de pè tanca pour désigner cette nouvelle forme de jeu qui en français est appelé « pieds tanqués » ou plus largement « pétanque ». Dès lors, les frères Pitiot s’emploient à développer ce jeu qui, au-delà de la position des pieds, se distingue du jeu provençal par un terrain plus court. Le premier concours est organisé à La Ciotat, en 1910. Il faut cependant attendre 1927 pour que les règles de la Pétanque soient véritablement codifiées. Dans les années trente, les boules métalliques se substituent aux boules cloutées en bois de buis dont les artisans varois s’étaient fait une spécialité. En 1945, les présidents et représentants des comités boulistes des Alpes de Hautes Provence, des Bouches-du-Rhône, du Gard, du Var et du Vaucluse décident de former la fédération française de Pétanque et Jeux provençal (FFPJ) dont le premier président est, jusqu’en 1958, Ernest Pitiot. Le siège est fixé à Marseille.
La presse joue un rôle décisif dans le développement des jeux de boules comme lors de l’avènement du sport-spectacle à la charnière des XIXe et XXe siècles. La presse quotidienne régionale accorde ainsi une place croissante à l’information sportive tout en créant et soutenant des manifestations sportives. Le Provençal n’échappe pas à ce mouvement. Déjà dans les années trente, le radical Vincent Delpuech ouvre aux sports les colonnes du Petit Provençal, le prédécesseur du Provençal, tout en soutenant des courses cyclistes. Devenu Le Provençal, en août 1944, à la suite de compromissions avec le régime collaborationniste de Vichy, le journal, proche du maire de Marseille Gaston Deferre, s’associe à un sport fortement enraciné dans la région. En créant une compétition, il participe à l’élaboration du « calendrier sportif » et à faire de la pétanque un sport-spectacle. La présence du chanteur populaire Henri Salvador à l’édition de 1964 renforce assurément le rayonnement médiatique de la compétition. L’image exotique et souriante du chanteur, par ailleurs joueur de très bon niveau, conforte aussi l’image d’une activité de plus en plus associée aux vacances au moment où les Français sont de plus en plus nombreux à en profiter.
Bibliographie :
Ferrara Jean, Il était une fois… les boules, éd. Autres Temps, 2004, 160 p.