Le cabanon de Le Corbusier à Roquebrune Cap Martin
INA00502
Notice
Le cabanon de Le Corbusier à Roquebrune Cap Martin
Titre de la collection
12/13
Référence
INA00502
Source
INA (FR)
Date de première diffusion
05/03/1990
Année de production
1990
Résumé
Visite du cabanon de Le Corbusier à Roquebrune Cap Martin où il conceptualisa ses réflexions sur l'habitat minimal et la théorie du Modulor .
C'est à Roquebrune que l'architecte est mort en se noyant .
Type
video
Sociétés de production
France 3 - Production propre
Chaîne de première diffusion
FTV - F3
Forme audiovisuelle
Magazine
Personnalités
Gauthier Philippe
Le Corbusier
Thème principal
Architecture
Générique
Kelberg Roland - Journaliste
Période d'événement
De 1925 à 1950
Lieux
France - Sud Est - Roquebrune-Cap-Martin
Langue d'origine
Français
Durée
4m57
Contexte
Contexte
Le cabanon de Le Corbusier
Jean-Lucien Bonillo
Dans les années 30 Le Corbusier séjourne à Roquebrune-Cap-Martin dans la villa de vacances E 1027 de son ami Jean Badovici, architecte et directeur de la revue d’avant-garde L’Architecture vivante. Conçue par la décoratrice Eileen Gray à la demande de Badovici, E 1027 illustre excellemment – dans une voie toutefois teintée d’humanisme et de sophistication – les principes de l’architecture moderne, rationaliste et puriste des années 20. Aujourd’hui en cours de restauration, elle sera prochainement ouverte au public, constituant ainsi un élément d’un site patrimonial majeur du XXe siècle qui regroupe : La villa E 1027, l’Unité de camping et le cabanon accolé à la guinguette « L’étoile de mer ».
Constituée d’une rangée de cinq chambres extrêmement petites et dépouillées, l’Unité de camping était exploitée sous une forme hôtelière par Robert Rebutato, le propriétaire de l’Etoile de mer. Le Corbusier lui avait « offert » cette infrastructure hôtelière minimaliste en échange de la parcelle de terrain où il devait construire son fameux cabanon, accolé à la guinguette. Cette « chambre de villégiature » (titre des documents graphiques réalisés à l’atelier Le Corbusier) allait lui permettre d’illustrer quelques aspects de son travail de « recherche patiente ». Nous en retiendrons trois, plus ou moins évoqués dans les divers témoignages du film.
- L’habitat minimum, thème majeur de la modernité héroïque des années 20, est ici revisité dans une forme toutefois plus proche de la chambre d’amis que de la cellule autonome (le couple Le Corbusier prend ses repas à l’Etoile de mer). Le « modulor » qu’il avait mis au point peu auparavant, comme une alternative au système métrique, est ici systématiquement mis en oeuvre. Il s’agit d’un système harmonique de mesures basé sur les proportions humaines et la suite arithmétique de Fibonacci
- La préfabrication du bâtiment et la production en série industrielle de cellules habitables est clairement expérimentée par Le Corbusier qui pousse l’idée jusqu’au dépôt d’un brevet. Conçu comme un prototype, réalisé en Corse par le menuisier Barberis, le montage sur le site de Roquebrune date d’août 1952. La rusticité des façades extérieures traitées en dosses de croûte de pin contraste volontairement avec la précision et le fini de l’aménagement intérieur.
- Le rapport architecture / nature qui est un des leitmotiv de l’architecte apparaît autant dans les plus grands projets (à l’instar par exemple du plan Obus pour Alger) que dans les plus modestes conceptions, comme c’est le cas ici. La cabane de chantier recyclée en bureau et positionnée à l’écart, la terrasse de l’Etoile de mer qui sert de salle à manger, quelques aménagements utiles à la pratique du « vivre dehors », … tout concourt à faire de cet habitat de vacances un dispositif éclaté, une « maison sans murs » immergée et en symbiose avec la nature.
On notera enfin deux remarques, pour conclure.
- C’est sur ce site que fut conçu le fameux projet Roq et Rob (pour Roquebrune et Robert) : modèle d’habitat groupé adapté aux sites pentus des rivages méditerranéens.
- La facture et l’esprit du cabanon correspondent à la période d’après-guerre de Le Corbusier où sans renoncer aux acquis du purisme de l’entre-deux-guerres, il teinte son œuvre d’un certain archaïsme artisanal que la postérité retient sous le nom de « brutalisme » (Les maisons Jaoul, l’Unité d’habitation de Marseille, Chandigarh, …).
Bibliographie succincte et indicative
- Bonillo J.-L., « L’architecture est le site », in Pauly D., Le Corbusier et la méditerranée, catalogue d’exposition, Parenthèses-Musées de Marseille, 1987, pp. 142-151.
- Chiambretto B., Le Corbusier à Cap-Martin, éd. Parenthèses, Marseille, 1987 et 2006 (Voir aussi sur le même thème le diplôme de fin d’études de l’ENSA Marseille sous la direction de Jean-Lucien Bonillo).
- Lucan J. (dir), Le Corbusier, une encyclopédie, catalogue d’exposition, Centre Georges Pompidou, Paris, 1987.
- Alison F. (dir), L’interno del Cabanon. Le Corbusier 1952 – Cassina 2006, éd. Triennale/Electa, Milano, 2006.
- Papillaut R., « Le Corbusier, le bon sauvage en son cabanon », L’Architecture d’Aujourd’hui, Micro-Architectures, n° 328, juin 2008, pp. 44-47.
- Bonillo J.-L., « Cabanon et Unité de camping », in Bonillo J.L. et Pousse J.F., L’architecture contemporaine sur la côte d’Azur, Nice, ed. Conseil général 06 et Les Presses du réel, 2011.
Transcription
- (Silence)
- Nous sommes ici à Roquebrune-Cap-Martin chez Edouard Jeanneret,
- plus connu sous le nom de Le Corbusier.
- C’est au cours de ses nombreux voyages sur la côte d’Azur qu’il a bâti ce cabanon
- où se croisent les thèmes majeurs de son travail.
- Réflexion sur l’habitat minimal, expérience de l’auto construction.
- Il est venu s’installer donc au début des années 30
- puisqu’il travaillait dans la villa qui se trouve en contre bas du cabanon
- et qui était la villa occupée par Jean Badovici et Eileen Gray
- et avec un groupe d’architectes ils travaillaient sur un projet d’urbanisme à Bogota.
- Et le problème donc du repas s’était posé
- et le Corbusier est venu rencontrer la personne qui tenait la petite guinguette juste à côté et lui a demandé :
- voilà nous sommes 20 personnes est-ce que vous pouvez nous recevoir pour déjeuner ?
- Et si nous sommes satisfaits nous reviendrons chaque jour, matin, midi et soir.
- Et de fil en aiguille il est devenu ami avec cette personne qui s’appelait Monsieur Rebutato
- et il s’est installé à Roquebrune comme ceci.
- Je crois qu’il avait l’habitude de dire que c’était un petit peu son château ce cabanon.
- Il disait effectivement que c’était son château,
- qu’il avait un château sur la côté d’Azur et qu’il s’était construit lui-même une petite dépendance qui était donc son atelier qui est juste là-bas derrière.
- (Silence)
- Parmi les constructions les plus connues de le Corbusier,
- la chapelle Notre Dame du Haut à Ronchamp, le palais de l’Assemblée à Chandigarh en Inde,
- l’unité d’habitation à Marseille que beaucoup ont surnommé la maison du Fada.
- Philippe Gautier qu’est ce que l’architecte que vous êtes a pensé en pénétrant pour la première fois à l’intérieur du cabanon de le Corbusier ?
- J’ai pensé que j’avais beaucoup de chance ce jour là de découvrir ce que j’ai essayé de trouver pendant mes études,
- je suis venu une première fois faire les extérieurs et découvrir le cabanon.
- J’ai découvert un peu ce que Corbu a développé dans ses thèses sur l’habitat minimum, et tout ce qu’il a pu développer sur le mobilier d’un habitat minimum.
- Ce qui est intéressant surtout c’est de voir que dans ce cabanon il a développé ses thèses au niveau des dimensions,
- notamment au niveau du modulor,
- et tout le travail qu’il a pu faire au-delà de la forme sur les ouvertures, sur les accès, sur le rapport au site.
- Alors qu’est ce que c’est que la théorie du Modulor ?
- La théorie du Modulor c’était d’adapter des côtes à dimension de l’homme
- donc l’échelle de référence ce n’est plus le mètre, un système métrique qui est un peu abstrait
- ni le système anglais,
- c’était l’homme, la mesure, la main le coude et la hauteur d’un homme le bras levé.
- Ce cabanon s’est développé sur une dimension de 3 mètres 66,
- comme quoi c’était très précis le modulor, au carré et sur une hauteur de 2,26
- qui représente donc un homme debout le bras levé.
- Il s’est donc développé sur ce principe là avec comme programme disons un espace à vivre habitable
- dans lequel on pouvait donc bien sur se nourrir, travailler, vivre et donc où il pouvait recevoir des personnes.
- Il y a un travail qui a été fait sur la couleur,
- c’est une constante qu’on retrouvera dans tous les travaux de Le Corbusier, qui a travaillé beaucoup avec les couleurs primaires
- pour justement mettre en valeur un sol, ou alors un plafond ou un mur ou une porte etc.
- On va parler un petit peu maintenant du mobilier :
- aujourd’hui on dirait que c’est très design.
- Mais je crois que le Corbusier son souci c’était pas de faire du design
- c’est de faire du mobilier disons utile pratique et toujours dans un souci de gain de place.
- Le Corbusier faisait son architecture au centimètre carré
- donc à l’économie et son but c’était de trouver un mobilier qui puisse s’intégrer au mieux dans un volume
- et qui puisse être au départ d’une industrialisation dans le mode de fabrication
- donc voila pourquoi Le Corbusier a inventé des typologies au niveau de ses meubles,
- toujours sur la base du Modulor, donc on trouve des codes très précis au niveau de son mobilier.
- Tout le monde connaît la chaise de Le Corbusier ainsi que son canapé,
- il a fait aussi beaucoup de travail sur des tabourets, sur des casiers en bois qui ont donné je crois depuis des idées à beaucoup de fabricants.
- Est-ce que pour vous c’est le plus grand architecte du siècle ?
- Je crois qu’on peut considérer Le Corbusier comme l’architecte du XXe siècle en tous cas pour notre génération
- on est tous passés par Le Corbu et je pense qu’on a du y trouver la dedans
- la force d’inventer quelque chose pour demain, pour l’architecture de demain.
- Depuis 1987 on a célébré le centenaire de sa naissance les gens se sont un petit peu plus intéressés à lui
- et c’est depuis d’ailleurs 1987 que nous faisons visiter le cabanon Le Corbusier à Roquebrune.
- Alors quel genre de vie menait il quand il était ici ?
- Oh quand il était à Roquebrune c’était plutôt les vacances, son activité principale était vraisemblablement le bain de mer.
- D’ailleurs il est mort en se baignant ?
- Il est mort en se baignant sur le bord de mer.
- Et c’était un amoureux de la Méditerranée ?
- C’était un amoureux de la Méditerranée en quelque sorte il a bien fini sa vie puisqu’il s’est noyé dans la Méditerranée.