Cyril Isnart

 

L’évocation de la recherche archéologique à Agde, une petite ville de la côte méditerranéenne septentrionale, permet à la télévision de rendre hommage à l’archéologie amateur et de révéler l’archéologie sous-marine méditerranéenne à travers la figure atypique de Denis Fonquerle, qui fut, en 1964, l’un des découvreurs de l’éphèbe d’Agde, un bronze prestigieux du IVe siècle avant J.-C. En s’attachant au modèle romantique et pittoresque de la figure locale passionnée d’archéologie et issue du milieu populaire qui aurait bouleversé la perception de l’histoire régionale, le reportage est également didactique et décrit les types de vestiges (amphores, épaves, produits commerciaux, objets quotidiens) que l’on peut rencontrer dans les fonds de la Méditerranée et la méthode systématique que l’archéologie doit déployer pour trouver, étudier et sauvegarder ce patrimoine. Il rappelle que l’archéologie amateur, dont Fonquerle fut le chef de file pendant le dernier quart du XXe siècle, est un des piliers de certaines avancées scientifiques et que l’œuvre de Fonquerle ne saurait se réduire à ses découvertes, parfois spectaculaires et souvent plus ordinaires, mais également à la vulgarisation des savoirs et des pratiques archéologiques sous marines dans le cadre de son association, le GRASPA (Groupe de Recherches Archéologiques Subaquatiques et de Plongée d'Agde) et à ses démonstrations de l’importance de Agde dans le commerce intense des rives de la Méditerranée Antique.

Très tôt, l’État a tenté de contrôler cette pratique sauvage de l’archéologie grâce à la fondation par Malraux en 1966 de la Direction des recherches archéologiques sous-marines qui est devenue le 4 janvier 1996 le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines. Le DRASSM gère aujourd’hui le patrimoine culturel issu des fouilles sous-marines et les collaborations avec les archéologues amateurs. En 2001, l’Unesco consacre internationalement la légitimité des patrimoines et des recherches liés aux fonds marins, en promulguant la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique.

La cohabitation de l’archéologie amateur avec les scientifiques n’est cependant pas toujours allée de soi, les accents passionnels, l’origine autodidacte et la volonté démocratique des uns s’accommodant mal de la rigueur, du temps long de la recherche et de la domination légale des autres. La figure locale évoquée dans ce reportage rappelle les revendications de ces amateurs à la participation de l’aventure scientifique, et leur découverte d’un bronze antique qui sera resté 20 ans en face de la Victoire de Samothrace au Musée du Louvre, avant de retrouver les rivages de la Méditerranée à Agde en 1986.

 

Voisenat Claudie, 2009, Imaginaires archéologiques Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme.

2003, Le patrimoine culturel subaquatique, Histoires sous l’eau, Icomos nouvelles, vol. 12, n°1, avril 2003.

DRASSM : http://www.archeologie-sous-marine.culture.fr/

Convention sur le patrimoine culturel subaquatique : http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/underwater-cultural-heritage/