Emission régulière d’investigation de la chaine généraliste française TF1 durant les années quatre-vingt, ce dossier des Mercredis de l’information aborde le thème des filières de l’immigration clandestine. Long d’une quarantaine de minutes programmée à une heure de grande écoute, le reportage réalisé par Jean-Pierre Moscardo et Frédéric Laurent et diffusé le 23 juin 1982 ne retient pas ses effets spectaculaires. La combinaison d’un commentaire catastrophiste, confirmé par des images choquantes et une musique inquiétante permet de jouer sur la fibre sensible du téléspectateur : peur de l’Autre, angoisse de l’invasion d’immigrés clandestins dans les pays européens.

L’équipe est envoyée sur plusieurs « points chauds » de l'immigration clandestine dans le but de mener l’enquête. Les journalistes rapportent des images de Belgique, de Suisse ainsi que de Barcelone, présentée comme la ville des passeurs assimilés à des « gangsters » et des « proxénètes ». Mais l’attention se porte plus particulièrement sur la frontière franco-italienne à Vintimille où, quelques jours auparavant, deux jeunes Tunisiens étaient morts accidentellement en essayant de franchir la frontière par des itinéraires clandestins.

L’extrait présenté invite le téléspectateur à suivre l’expérience périlleuse des migrants clandestins empruntant, entre Vintimille et Menton, les sentiers de contournement des postes frontières du bord de mer du pont Saint-Louis et de Saint Ludovic. Ce lieu est connu sous le nom de « pas de la mort » en raison du relief accidenté composé de falaises abruptes surplombant la mer. Il a été le théâtre sur le temps long de la mort de plusieurs centaines de migrants clandestins qui, désorientés, sont venus s’abimer sur ces rochers souvent après avoir été abandonnés par les passeurs italiens mais aussi maghrébins ou français. Le reportage sur ce lieu est depuis longtemps emblématique de l’immigration clandestine met en relief un système organisé du passage illégal de la frontière, ce qui ne manque pas de conforter le téléspectateur dans ses inquiétudes et présupposés quant à une France submergée par ces flux de migrants difficilement contrôlables.