Djerba l'île biblique

INA00622

Notice

Djerba l'île biblique

Titre de la collection

Films Documentaires

Référence

INA00622

Source

INA (FR)

Date de première diffusion

01/01/1952

Année de production

1952

Résumé

Suivant les pas d'un jeune juif revenu à Djerba pour dire adieu à ses proches avant de tenter l'aventure sur le continent, le réalisateur Philippe ESTE propose une visite de cette île où le temps semble s'être arrêté il y a deux mille ans. Le jeune homme se rend à Hara Kbira, le quartier juif de Houmt Souk où vit encore, dans le respect des coutumes les plus anciennes, une petite communauté. Mais la décrépitude des maisons est le reflet de sa mort annoncée. Dans une salle de classe, des enfants apprennent leurs prières. Plus loin, dans la bibliothèque de la yeshiva, de futurs rabbins étudient et, dans une des trente synagogues du quartier, des jeunes garçons déroulent les rouleaux de la Torah pour le visiteur en partance. Avant de quitter Djerba, un juif doit participer au pèlerinage de la Ghriba qui a lieu chaque année pendant trois jours. Les pèlerins se réunissent dans le caravansérail qui jouxte la synagogue et partent en procession, accompagnant la Menorah à travers la campagne paisible. De retour à la synagogue de la Ghriba, on procède à une vente aux enchères des ornements de la Menorah. Les billets de banque passent de mains en mains, tandis que les femmes allument des cierges et, dans un coin, des anciens aux visages antiques prient. Dans la campagne, un groupe de paysannes moissonnent à la main une maigre récolte. Plus loin, les hommes aidés de dromadaires procèdent au battage du blé et un puits antique permet l'irrigation de vergers .

Type

video

Sociétés de production

Les Actualités Françaises - Production propre

Chaîne de première diffusion

Other

Forme audiovisuelle

Documentaire

Thème principal

Pratiques religieuses

Thème secondaire

Tourisme et sites culturels
Héritages historiques / Judaïsmes

Générique

Este Philippe - Réalisateur

Période d'événement

1951

Lieux

Tunisie - Chotts et désert - Djerba

Langue d'origine

Français

Durée

12m8

Informations complémentaires

- Ce très précieux reportage filmé à Djerba en Mai 1950 avant l'invasion par les touristes, a été présenté dans la catégorie "" courts métrages "" au Festival de Cannes 1952."

Contexte

Djerba, île biblique

Cyril Isnart

Le documentaire des Actualités Françaises sur l’île Tunisienne de Djerba déploie, sous les atours d’une fiction à peine esquissée, une rhétorique toute empreinte de nostalgie pour un âge d’or méditerranéen qui aurait miraculeusement survécu dans cet oasis primitif, mêlant une communauté juive et une population musulmane dans une coexistence pacifique, vivant comme aux origines d’un monde aujourd’hui disparu. Un jeune juif choisit de quitter Djerba pour tenter sa chance et débute un tour de l’île qui est le prétexte d’une description des menus gestes de la vie quotidienne (lessive, marché, transport à dos d’âne), des artisans locaux (tisserands, potiers, vanniers), des chants de travail, mais aussi des rites spectaculaires.

Fondant un imaginaire biblique des premiers temps (la communauté juive remonterait à la destruction du temple de Salomon), de la Grèce antique (Ulysse aurait foulé le sol de l’île des Lotophages, que l’on associe traditionnellement à Djerba) et d’une société méditerranéenne des origines, le film oscille entre la description visuelle d’une vie primitive, ordinaire, pauvre et sans attrait avec le charme nostalgique de la fin probable de ce monde miraculeusement épargné par les temps modernes. Les techniques artisanales, les bâteaux, l’architecture, les costumes et les occupations quotidiennes sont présentés comme des reliques vivantes du temps d’Homère et des prophètes de l’Ancien Testament, comme la communauté juive et ses rites qui seraient les descendants, encore intacts, de la société israélite de la Bible. Un large moment est dévolu aux synagogues et écoles judaïques de l’île, au pèlerinage de la Griba et à la procession populaire qui en fait partie intégrante.

Comme de nombreuses îles de la Méditerranée, le multiconfessionalisme traditionnel de Djerba et son caractère biblique ont été affectés par l’essor du tourisme dans la seconde partie du XXe siècle qui a considérablement modifié le paysage et les façons de vivre, tout en préservant quelques unes des caractéristiques culturelles qui ont été valorisées par le processus de mise en tourisme. L’artisanat, l’architecture ou les fêtes religieuses font partie de cet ensemble, alors que le caractère archaïque des techniques et des modes de vie locaux ont fondamentalement évolué vers des standards économiques et culturels globaux. Diffusé en 1951, ce reportage-fiction se situe quelques années avant l’essor du tourisme à Djerba, mais on entend déjà les doutes sur la survie d’un tel oasis de pureté. C’est en effet en 1954 que le premier des trois établissements du Club Méditerranée sera construit à Djerba, et l’île fonctionne, pour la Tunisie, comme une icône de la réussite économique du développement touristique.

Miossec, J.-M 1996, Le tourisme en Tunisie. Un pays en développement dans l'espace touristique international, Thèse de doctorat, Université de Tours.

VALENSI L. et UDOVITCH A. L. 1985, Juifs en terre d'Islam. Les communautés de

Djerba, Éditions des archives contemporaines, Paris, 1985. Trad. The Last Arab Jews : The Communities of Jerba, Tunisia, Harmond Academic

Publishers, 1984.

Foucaud A. 1962, « Lotus et lotophages. Un petit problème d'histoire grecque » Revue d'histoire de la pharmacie, 50/175, pp. 422-424.

Carpenter-Latiri D. 2012, « The Ghriba in the Island of Jerba (or Djerba) or the re-invention of a shared shrine as a metonym for a multicultural Tunisia » In Sharing the sacra: the politics and pragmatics of inter-communal relations around holy places. Berghahn Books, London.