- (Silence)

- Ils sont des centaines chaque année qui partent la nuit d’Italie pour passer en fraude la frontière française.

- Yougoslaves, Italiens, tous les clandestins prennent un chemin identique qui les mène ici en pleine nuit dans cette forêt du No Man’s Land au-dessus de Menton.

- Et à l’aube, exténués, ils aperçoivent les lumières de la ville.

- Alors instinctivement ils suivent un petit sentier qui semble y conduire tout droit.

- C’est le sentier du Pas de la Mort qui se transforme tout à coup en ravin.

- Et parmi ceux qui tombent sur ce piège quelques uns et ils sont rares parviennent quelque fois à se retenir à une souche d’arbre, à des fils qui pendent.

- Ils ne peuvent plus qu’appeler à l’aide et attendre qu’une équipe de secours vienne les chercher.

- Et s’ils le peuvent ils doivent ainsi sans pouvoir remuer attendre quelques heures suspendus dans le vide.

- Sinon, ils s’écrasent 100 mètres plus bas, tous au même endroit.

- (Silence)

- Vous dirigez cette équipe de CRS, vous avez attendu des appels je crois ?

- Provenant du Pas de la Mort…Le Pas de la Mort, c’est cette falaise de piton où il y a un grand pin là.

- C’est assez fréquent, je crois que le Pas de la Mort est assez réputé ?

- Très fréquent, parce que les clandestins Italiens ou Yougoslaves essaient souvent de franchir la frontière par le pas de la mort.

- Ils sont attirés par les lumières de Menton et c’est la raison pour laquelle ils passent par cet endroit-là.

- Je vais pas vous importuner plus longtemps parce qu’il faut que l’équipe se prépare et parte le plus rapidement possible mais que se passe t-il d’habitude, comment ça se passe ?

- Vous êtes alertés, je pense par des appels, des cris.

- Ce sont les gens qui contrôlent les passeports qui nous avertissent au PC et j’envoie sur les lieux les équipes de montagne.

- Bon et ces cris ont été entendus depuis ce matin…

- A 7 heures ce matin.

- Et comment se passe à ce moment là, toute l’équipe se prépare ?

- Elle part sur les lieux combien de temps faut-il ?

- A peu près une heure, alors en principe elle essaye de joindre le clandestin qu’elle essaye de ramener au pied de la falaise.

- Bon et l’opération prend combien de temps d’habitude ?

- Il faut compter une heure si les gens ne sont pas blessés.

- Je crois que vous avez prévenus immédiatement les pompiers également

- Oui ils ont été avertis par nos soins ce matin, ils vont certainement participer avec nous.

- Les pompiers de Menton ?

- Oui, de Menton.

- Ils sont également spécialistes ?

- En principe nous collaborons d’ailleurs dans ce genre d’opérations.

- (Bruit)

- (Silence)

- Deux hommes, deux clandestins ont été repérés.

- L’un des deux disparaîtra avant que les équipes de secours soient arrivées au somment de l’à-pic.

- En apercevant le casque des pompiers et les calots des CRS, le deuxième clandestin a resserré sa prise

- et se trouve à environ 10 mètres en dessous de ce fameux Pas de la Mort.

- (Silence)

- D’en bas, un radio mène les opérations.

- (Silence)

- Et le clandestin rejoint par un CRS en cordée va descendre ainsi en cacolet sur le dos de son sauveteur tout au long de cet à-pic qu’il doit considérer à présent avec une certaine émotion rétrospective.

- (Silence)

- Depuis 10 ans, le Pas de la Mort a tué une cinquantaine de clandestins.

- Alors vous pourriez vous demander comme nous l’avons fait pourquoi ne pas condamner ce sentier ?

- Il suffirait de placer quelques mètres avant l’à-pic quelques rouleaux de barbelés.

- Il y a 15 ans qu’on y songe.

- Espérons tout de même qu’il ne faille pas attendre qu’il y ait beaucoup d’autres victimes pour condamner définitivement cette route fatale.