- (Silence)

- Il y a deux semaines nous vous parlions de la directive adoptée par les eurodéputés visant à faciliter le renvoi des sans-papiers.

- Une directive controversée, Il faut savoir qu’aujourd’hui 30 000 étrangers vivent dans des centres de rétention sur le continent européen.

- Parmi ces centres voici ce soir celui de l’île de Lampedusa en Italie, Notre équipe a pu suivre son activité et celle des garde-côtes.

- C’est le grand format de ce soir et il est signé Philippe Visseyrias et Karine Guillaumain.

- (Silence)

- Ils ont débarqué en pleine nuit sur une plage isolée de l’île, épuisés après des jours en mer, heureux d’avoir survécus à la traversée.

- Premier contact, premier verre d’eau, Pour les médecins il faut vite identifier ceux qui ont besoin de soins.

- Nous sommes en train de contrôler leur état de santé et apparemment ils vont bien.

- Les carabiniers sont sur les nerfs, Cette semaine ces arrivées sont quotidiennes, Le dispositif est bien rodé.

- Un car vient immédiatement les chercher puis ils ont sont conduits vers le centre d’accueil d’urgence situé à l’écart des habitations.

- Au cœur de Lampedusa, les grilles se referment, Ils n’auront plus droit d’en sortir.

- (Silence)

- Lampedusa, un bout d’Europe à 100 kilomètres à peine des côtes africaines, Le lendemain matin, l’île se réveille sans n’avoir rien vu, rien su de ces arrivées d’immigrés clandestins.

- Pour les Italiens, avec ses eaux turquoise c’est avant tout un paradis pour les vacances.

- Si on se met à y penser, ce n’est pas facile, Nous nous sommes là pour nous amuser et eux risquent leur vie et meurent parfois.

- Sur le port seuls ces bateaux de pêcheurs libyens saisis par les garde-côtes rappellent l’odyssée quotidienne de ceux qui risquent leur vie pour atteindre l’Europe.

- A l’intérieur du centre de rétention, les capacités d’accueil sont saturées, Parfois la tension monte pour des histoires de cartes de téléphone ou quelques cigarettes.

- Des structures modernes financées en partie par l’Union européenne qui ont remplacées depuis un an l’ancien centre vétuste.

- Les hommes célibataires d’un côté, les familles et les femmes seules de l’autre côté des grilles.

- Ils viennent de Somalie, d’Ethiopie, du Soudan, d’Afrique de l’ouest ou du Maghreb.

- Tous ont payé 2000 dollars aux passeurs libyens, Certains ont cru mourir pendant la traversée.

- (Silence)

- On s’est perdus en pleine mer puis on n’avait ni eau, ni rien à boire, ni rien à bord, ni rien à manger.

- Et le bateau était tout à fait perturbé, Il y en a des gens qui vont sauter dans l’eau, d’autres qui crient.

- Dans un coin, la déléguée de l’organisation internationale de l’immigration essaye de leur expliquer ce qui les attend.

- L’Europe qui leur ferme ses portes, l’Italie qui considère l’immigrant clandestin comme un délinquant passible de prison.

- (Silence)

- Ils ne se rendent absolument pas compte de nos lois.

- Ils sont convaincus qu’ils pourront rester en Italie et trouver un travail même s’ils sont arrivés clandestinement.

- Un durcissement de la législation européenne qui n’entame pas leur détermination.

- J’ai besoin d’un travail, Je n’ai aucun travail, J’ai 30 ans, Dans mon pays, je n’ai pas trouvé de travail.

- (Silence)

- Pour tous Lampedusa n’est qu’une étape, On ne peut rester ici plus de sept jours.

- Régulièrement les immigrés clandestins sont transférés sur le continent vers d’autres centres de rétention et souvent de là renvoyés dans leur pays.

- Au large de l’île les garde-côtes italiens patrouillent jour et nuit, Ce sont eux qui interceptent la plupart des bateaux.

- Leurs avions signalent toutes les embarcations en détresse.

- Ici nous voyons bien que c’est tout un continent qui pousse vers le nord, Des gens tellement pauvres pour qui l’Europe représente tout.

- Depuis le début de l’année, plus de 9000 immigrés clandestins sont arrivés à Lampedusa, C’est plus que l’an dernier à la même période, Ce qui prouve qu’ici le flux migratoire ne faiblit pas.