Mu'tah, premier foyer de martyrs |
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Titre de la collection
Les Ères Islamiques en Jordanie
Date de première diffusion
2003
Résumé
Cette page de l’histoire montre les débuts des conquêtes islamiques face aux romains qui tuèrent le messager du Prophète, fait sans précédent dans l'histoire islamique.
Nous découvrons le nombre de soldats qui composaient les armées musulmane et romaine, la bataille historique qui eut lieu à Mu'tah (situé à Karak, au sud de la Jordanie), la stratégie militaire adoptée par les troupes musulmanes, ainsi que les martyrs qui se sont battus au nom de la religion.
On peut voir la région de Mutah, qui fut traversée par les civilisations romaine, byzantine et islamique ainsi que les tombeaux et mausolées de personnalités religieuses célèbres et de chefs militaires musulmans.
La population s’y rend pour rendre hommage aux martyrs qui ont donné leur vie pour l’Islam au début de l'ère islamique.
Sociétés de production
-
La télévision - Production propre
Chaîne de première diffusion
JRTV - Jordan Television
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Mondes arabe et musulman
Thème secondaire
- Tourisme et sites culturels / Sites archéologiques
- Société et mode de vie / Pratiques religieuses
Générique
- Toufane Fawaz - Auteur œuvre originale
- Toufane Fawaz - Présentateur
- El Kardi Innad - Réalisateur
Lieux
- Jordanie - Plateau de Transjordanie - Karak
Informations complémentaires
Désert jordanien- la Péninsule Arabique - la cavalerie - sites archéologiques - anciennes cartes de la région
Contexte
La bataille de Mu’ta et ses martyrs
Norig Neveu
Cette vidéo appartient à une série de reportages sur l’histoire islamique en Jordanie produite dans les années 1980. L’évènement évoqué ici est l’histoire de la bataille de Mu’ta. Mu’ta est une ville situé au sud de Karak. La bataille de Mu’ta se déroula du vivant du Prophète Muhammad, en 629. C’est l’une des premières batailles de l’expansion islamique hors de la péninsule arabique. Cette bataille fut une défaite pour les troupes musulmanes. Elle se déroula sous le commandement de trois Compagnons du Prophète, Zayd b. Haritha, ‘Abd Allah b. Rawâhâ et Ja‘far b. Abî Tâlib, qui menèrent les troupes musulmanes contre celles de l’empereur byzantin Héraclius.
Ja‘far b. Abî Tâlib était le fils d’Abû Tâlib, membre éminent de la tribu mecquoise des Bani Hashem qui avait protégé le Prophète Muhammad contre les persécutions des mecquois. La tradition rapporte qu’après la mort des deux premiers généraux Zayd b. Haritha et ‘Abd Allah b. Rawâhâ au cours de la bataille, la bannière de l’islam fut confiée à Ja‘far. Ce dernier se fit couper tour à tour les deux bras alors qu’il tentait de protéger l’étendard. On l’aurait alors vu s’envoler loin du champ de bataille, d’où son surnom Ja‘far al-Tayyar c’est-à-dire Ja‘far qui vole. Son mausolée, situé dans la ville d’al-Mazar, faisait l’objet d’un important pèlerinage régional jusqu’au milieu du XXe siècle.
Les mausolées des trois compagnons de la bataille de Mu’ta ont fait l’objet de plusieurs phases d’importantes rénovations à partir de 1996. Ces dernières aboutirent à la constitution du plus important complexe religieux de Jordanie regroupant mosquées, bibliothèque et boutiques. La création de ce complexe est caractéristique des ambitions nationales de promotion du tourisme islamique et surtout de la volonté de réécriture d’une histoire islamique nationale. En effet, la mise en valeur de ces lieux permet à la monarchie hachémite de Jordanie de tenter de placer son territoire au centre de l’histoire islamique régionale. Cette politique est menée conjointement à une mise en lumière des liens familiaux entre les Compagnons du Prophète et la famille Hachémite, descendante du Prophète, qui permet à cette dernière de promouvoir un rôle historique central.
Les infrastructures religieuses construites en Jordanie depuis les années 1990 représentent ainsi une tentative d’harmonisation de l’architecture religieuse nationale. Ces monuments répondent à l’objectif de développement du tourisme religieux. Dans ce contexte, le site de Mu’ta est très visité, notamment par des pèlerins chiites. En effet, Ja‘far b.Abî Tâlib était le frère d’Ali, quatrième calife pour les sunnites et imam pour les chiites. Le mausolée a été visité à partir des années 1990 par les réfugiés irakiens installés en Jordanie et des touristes venant du Moyen-Orient. Les visites ont considérablement diminué depuis 2006 et l’exécution de Sadam Hussein. Le site demeure l’un des plus visités de Jordanie dans le cadre du tourisme islamique.
Bibliographie :
Fr. Buhl, « Mu’ta », in Encyclopédie de l’Islam, Tome VII, Mif-Naz, XVI, Nouvelle édition, Paris, E.J. BrillLeiden et Maisonneuve et Larose, 1993, pp. 757 à 758.
Ghazi Bin Muhammad, (Prince), (ed.), 1999, The Holy Sites of Jordan, Amman, Turab.
L. Veccia Vagleri, « Dja’far Bin Abî Talib », in Encyclopédie de l’Islam, Tome II, C-G, 1965, XXII, p. 382.
Norig Neveu, «La sacralisation du territoire jordanien, Reconstruction des lieux saints nationaux, 1980-2006», in Archives de Sciences sociales des Religions, no 151, 2010, pp. 107-128.