La mémoire de la soie |
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Titre de la collection
Patrimoine
Date de première diffusion
2008
Résumé
L'émission présente Mme Widad Kaawar, née à Bethléem et habitant Amman.
Elle joue un rôle humanitaire en essayant de sauver le patrimoine jordano-palestinien en le collectant et le répertoriant de manière à ce qu’il continue d' illuminer la mémoire nationale pour les générations futures.
Le patrimoine concerne les vêtements, les sculptures, les couleurs et décorations d’intérieur.
Le programme comporte des entrevues avec des personnalités jordaniennes qui parlent de ce qui caractérise les travaux de Widad en matière de patrimoine. Parmi ces personnalités se trouvent l’historien jordanien Dr Abdulkarim El Gharaibeh, la styliste de mode Lana Becharat et la journaliste Zahia Anab. Ils s’expriment sur leur relations avec Widad et leur intérêt pour ses travaux.
Sociétés de production
-
La télévision - Production propre
Chaîne de première diffusion
JRTV - Jordan Television
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Société et mode de vie
Thème secondaire
- Société et mode de vie / Femmes
- Société et mode de vie / Fêtes et traditions
Générique
- Abanda Fakher - Présentateur
- Ezzaabi Arwa - Auteur œuvre originale
- Ramhi Mohamed - Réalisateur
Lieux
- Jordanie - Plateau de Transjordanie - Amman
- Palestine - Cisjordanie - Bethléem
Informations complémentaires
Vêtements - Décoration - photos d'archives d'Amman et de Bethléem - Interviews
Contexte
La mémoire de la soie
Norig Neveu
Ce documentaire s’intéresse à la collectionneuse d’objets artisanaux de renommée internationale Widad Kawar. En Jordanie, les collectionneurs sont souvent des femmes appartenant à la haute ou moyenne bourgeoisie d’Amman. Le titre de ce documentaire, Mémoire de soie, est le nom de l’une des expositions organisées par Widad Kawar. Elle se tint à Amman en 2001.
Comme une grande partie de la population jordanienne, Widad Kawar est d’origine Palestinienne. Elle est née à Tulkarem en Palestine et a grandi dans la ville de Bethléem. Originaire d’une famille chrétienne, elle a effectué sa scolarité à Ramallah puis s’est rendue à Beyrouth pour faire ses études à l’Université américaine. En 1955 elle s’est mariée et s’est s’installée à Amman avec son mari, originaire d’une famille jordanienne.
Dès 1948, son travail en tant que volontaire pour la Croix rouge la met en contact avec un grand nombre de réfugiés palestiniens. Elle perçoit à ce moment une menace pesant sur la culture palestinienne et commence une collection de robes de différentes régions. Sa conception de l’identité et du patrimoine palestinien était en adhésion avec celle du mouvement national qui mettait en lumière une Palestine rurale et la figure du fallah. Lors de l’arrivée de la deuxième vague de réfugiés palestiniens en 1967, après la guerre des Six jours, elle achète un grand nombre de robes à des femmes dans le besoin. Ces robes, brodées à la main, étaient un moyen de différencier ces femmes à la fois en fonction de leur statut social mais également de leur origine géographique. Widad Kawar considérait alors son activité de collectionneuse comme un acte militant permettant de sauver la culture matérielle palestinienne.
Dans les années 1960, alors qu’elle travaille en tant que volontaire dans les camps de palestiniens de Wahdat et Jabal Hussein à Amman, elle commence aussi à s’intéresser aux costumes jordaniens et aux tapis bédouins tout en continuant sa collecte d’habits palestiniens. Sa démarche évolue, et elle commence à recueillir l’histoire des pièces récoltées et la tradition orale s’y rapportant. Sa collection est classée et documentée scientifiquement dans les années 1980. Depuis les années 1970, plusieurs grandes expositions de sa collection, l’une des plus importantes au monde, sont organisées en Jordanie et à l’étranger. Elle la prête également au gouvernement jordanien. Confrontée à l’impossibilité d’ouvrir un musée pour présenter ses pièces, elle les conserve dans une espace réservé à cet effet dans son domicile familial.
L’activité de Widad Kawar est révélatrice des politiques patrimoniales jordaniennes avec lesquelles elle s’est souvent trouvée en opposition. Dans un premier temps, ces politiques ont encouragé un démontage de l’identité culturelle palestinienne au profit d’une unification des cultures des deux rives. A partir des années 1960, la Jordanie, tout en reconnaissant une autonomie de la culture palestinienne, cherchait cependant à la représenter. A l’échelle nationale, les stratégies patrimoniales tentaient de faire primer la promotion de l’identité transjordanienne conçue comme bédouine. Les robes palestiniennes deviennent ainsi représentatives de l’identité palestinienne et de la revendication d’une existence politique.
Bibliographie :
Irene Maffi, Politiques du patrimoine et politiques de la mémoire en Jordanie, entre histoire dynastique et récits communautaires, Dijon-Quetriny, Edition Payot Lausanne, 2004.
Nadine Picaudou, Territoires palestiniens de mémoire, Paris, Karthala ; Beyrouth, IFPO, 2006.
Kawar, Widad, Threads of Identity: Preserving Palestinian Costume and Heritage, Rimal Publications, 2011.
Kawar, Widad et Tania Nasir, Palestinian Embroidery, Traditional "Fallahi" Cross-Stitch, Munich, State Museum of Ethnography, 1992.