Norig Neveu

 

                       

Ce documentaire produit en 2002 présente Rocks bin Za’id al-‘Ayzayzi, un important écrivain et folkloriste jordanien, par l’intermédiaire d’interviews d’intellectuels qui furent ses contemporains.

Rocks bin Za’id al-‘Ayzayzi est né en 1903 dans la ville de Madaba dans une famille chrétienne de rite latin. Quand il eut cinq ans, ses parents déclinèrent la proposition qui lui était faite d’intégrer le petit séminaire de Beit Jala afin de devenir prêtre. A l’issu de sa scolarité, il fut nommé professeur d’arabe et de français à l’école du monastère latin de Madaba en 1918. Il fit jouer, dans le théâtre de l’école, la première pièce de théâtre jouée à l’Est du Jourdain. Catholique très pieux, il enseigna pendant toute sa carrière dans les écoles latines. A partir de 1942 il devint professeur à Jérusalem où une grande partie de sa bibliothèque fut détruite en 1948. Parmi les livres détruits figurait une grande partie de ses œuvres qui n’était alors pas publiées et qu’il tenta de recomposer au cours des années suivantes. Il quitta Jérusalem et partit enseigner dans différentes villes de Transjordanie.

 

Rocks bin Za’id al-‘Ayzayzi, homme sans ambitions politiques, était l’un des folkloristes jordaniens les plus prolixes, puisqu’il a publié environ quatre-vingt livres sur des sujets divers. Son premier ouvrage, publié en 1973 et composé de trois tomes, était un dictionnaire des coutumes jordaniennes. Son ouvrage le plus important est un travail en cinq tomes dédié au patrimoine jordanien, dans lequel il détaille les composantes du patrimoine des différentes régions du pays (coutumes, chants, monuments, plats…). Il est aussi connu pour son grand intérêt pour la culture de la badiya jordanienne. Dans ses Histoires de la badiya, publiées en 1990, il retranscrit des récits appartenant à la tradition orale. Il rédigea des scénarios pour des feuilletons bédouins ayant eu un grand succès dans les années 1980 et composa de nombreux articles dans les journaux nationaux. A partir de 1956, il s’impliqua dans la lutte pour la défense des droits de l’homme.

 

L’œuvre de Rocks bin Za’id al-‘Ayzayzi a profondément marqué la vie culturelle jordanienne. Elle est imprégnée de ses idéaux arabistes et de sa volonté de se présenter comme descendant des Ghassanides. Les Ghassanides sont en Jordanie le référent tribal chrétien privilégié car considérée comme indigènes contrairement aux Byzantins perçus comme étrangers. Rocks a refusé d’écrire l’histoire de son lignage afin de pouvoir conserver sa fonction de généalogiste et de médiateur tribal. Il fut ainsi sollicité par des lignages de différentes confessions et de différentes régions du pays (Chatelard, 2004). Décoré à plusieurs reprises pour son œuvre (président honoraire de l'Académie de la langue arabe en Jordanie, Prix Khalil Gibran…), l’intellectuel jordanien décéda en 2004.

 

Bibliographie :

Rocks bin Za'id al-‘Azayzi, Qâmûs al-‘Âdât : al-Lihjâtwa al-’Awabid al-Urdiniyya, Amman, Département des arts de la culture, 1973.

Rocks bin Za'id al-‘Azayzi, Ma'lamah lil-turath al-'urduni, Amman, Da'irat ath-thaqafah wal-funun, 1984.

Rocks bin Za'id al-‘Azayzi, Hikâyyât al-badiyya, Beyrouth, Dar al-Hamra’, 1990.

Géraldine Chatelard, Briser la mosaïque : Les tribus chrétiennes de Madaba, Jordanie, XIXe-XXe siècle, Paris, Édition CNRS, 2004.