Les décors du "Guépard" |
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Titre de la collection
Cose dell'altro Geo
Date de première diffusion
07/01/2010
Résumé
Présentation des lieux qui ont inspiré l'écriture de l'un des romans italiens les plus célèbres, «Il Gattopardo». Aristocrate fortement attaché à sa Sicile natale, Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896-1957) écrit à la fin de sa vie ce roman nostalgique. Ruines du palais de Via Lampedusa à Palerme, détruit par les bombardements en 1943. Extérieur et intérieur de la villa de Santa Margherita del Belice, de la villa Piccolo de Capo d'Orlando et du couvent de Palma di Montechiaro, lieux où l'écrivain a vécu. Entretien avec le fils adoptif de l'écrivain Gioacchino Lanza Tomasi dans la maison de la Via Butera à Palerme, dernière demeure de l'écrivain. Bande sonore originale de Giuseppe Tomasi di Lampedusa qui lit un passage de son histoire «Lighea». Photographies de la famille de l'écrivain.
Chaîne de première diffusion
RAI - RAI Tre
Forme audiovisuelle
Documentaire
Personnalités
- Tomasi di Lampedusa Giuseppe
Thème principal
Langues et littératures
Thème secondaire
- Paysages et Environnement / Géographies et paysages
Générique
- Arriva Filippo - Auteur œuvre originale
Informations complémentaires
Nombreuses photographies en noir et blanc de l'enfance de l'écrivain et de sa famille.
Voix de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (28 secondes).
Contexte
Les décors du Guépard
Stéphane Mourlane
Lorsque le roman Le Guépard est publié en 1958, son auteur vient de décéder un an plus tôt dans sa soixante et unième année (il est né le 23 décembre 1896). Giuseppe Tomasi di Lampedusa ne prendra donc jamais la mesure du succès de l’unique œuvre de sa vie. Ce livre a pour décor sa Sicile natale à l’époque du Risorgimento, plus exactement en 1860 lorsque l’île voit débarquer Garibaldi et ses chemises rouges au cours de l’expédition des Mille. Les aspirations démocratiques et unitaires du héros des deux mondes ébranlent le royaume des Deux-Siciles resté jusqu’alors à l’écart du mouvement de modernisation politique qui après le congrès de Vienne, en 1815, secoue régulièrement l’Europe. Dans ce contexte le lecteur est invité à suivre principalement le point de vue de Don Fabrizio Salina, un prince sicilien qui appartient à cette aristocratie qui possède et gère une grande partie de l’île au travers de grands domaines latifundiaires. Salina est confronté aux forces nouvelles qui traversent la société italienne et qui se manifestent par l’engament de son neveu Tancrède aux côtés de Garibaldi ou au travers de la figure de Don Calogero Sedàra, de petite et récente noblesse, qui s’est enrichi à la suite de l’abolition de la féodalité au XIXe siècle. Le prince semble s’en accommoder puisque, dit-il « il faut que tout change pour que rien ne change ». De fait, les critiques ont d’abord accueilli le livre comme une ode au conservatisme. La lecture en est en fait plus complexe. Certes, l’auteur manifeste de l’empathie pour Salina, inspiré par son aïeul Giulio Fabrizio di Lampedusa dont les armes sont un lion léopardé. Giuseppe Tomasi appartient à cette grande aristocratie liée aux Bourbons d’Espagne qui ont dominé la Sicile : à la mort de son père, il hérite des titres de Duc de Palma, de baron de Montechiaro, de prince de Lampedusa et de Grand d’Espagne. Il en adopte le mode de vie fait d’oisiveté entre le palais familial de Palerme et la villa Santa Margherita de Belice à l’Ouest de la Sicile dans la province d’Agrigente. Il étudie tout de même un peu le droit et la littérature dont il est un grand passionné. Le palais palermitain détruit par les bombardements alliés de 1943 et la ville Santa Margherita affectée par un tremblement de terre, c’est à la villa Piccolo de Capo d’Orlando qu’il reconstitue après la Seconde Guerre mondiale ce monde perdu de sa jeunesse. Il commence à y écrire Le Guépard, un roman à la fois historique et psychologique dans lequel le point de vue est plus critique qu’il n’a pu y paraître au premier abord. Tomasi di Lampedusa le considère lui-même comme « ironique, amer et non dépourvu de méchanceté ». En fait, ce livre reflète aussi et peut-être surtout une réalité contemporaine. Rédigé alors que le centenaire du Risorgimento approche, le livre pose à sa manière la question méridionale devenue nodale depuis l’unité italienne. La réflexion porte donc en filagramme sur les difficultés des régions du Sud de l’Italie à s’adapter à la modernité économique et sociale (comme en témoignent la plupart des indicateurs) mais aussi la modernité politique que représente la soumission à un État centralisé et démocratique.
Quelles que soient les interprétations que l’on peut lui donner, ce livre dispose d’un souffle romanesque qui lui vaut son succès. Il est récompensé en 1959 par le prestigieux prix Strega. Le Guépard est l’œuvre littéraire italienne la plus traduite dans le monde. Son adaptation cinématographique par Luchino Visconti, en 1963, accroit son rayonnement : le film interprété par Burt Lancaster et Alain Delon reçoit à sa sortie de la Palme d’or du Festival de Cannes. Roman d’une vie, Le Guépard s’inscrit à la fois comme un témoignage et un jalon de l’histoire culturelle de l’Italie contemporaine.
Bibliographie :
Benigno Francesco, Giarrizzo Giuseppe (a cura di), Storia della Sicilia. 2. Dal Seicento a oggi, Roma-Bari, Laterza, 2003, 241 p.
Ferroni Giulio, Letteratura italiana contemporanea. 1945-2007, Milano, Mondadori Università, 2007, 376 p.
Livi François, La littérature italienne contemporaine, Paris, PUF, 1995, 127 p.
Savoia Salvatore, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Palermo, Flaccovio, 2010, 188 p.