Les ruelles du Trastevere |
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Titre de la collection
Cose dell'altro Geo
Date de première diffusion
18/09/2009
Résumé
Documentaire consacré au quartier romain du Trastevere. Situé sur la rive droite du Tibre, en face du centre historique, le "rione" (quartier) fut intégré à la ville sous l'Empire romain et protégé par les murailles sous Adrien au IIIe siècle Ap. J.-C. Il abrita de nombreuses villas de l'aristocratie mais fut surtout un quartier de pêcheurs et d'immigrés. Aux XVe et XVIe siècles, les papes Sixte IV et Paul V transformèrent le quartier. Le Trastevere fut source d'inspiration pour les poètes de dialecte romain Trilussa et Giuseppe Belli et pour le peintre Bartolomeo Pinelli. Les habitants du quartier restent très attachés à la culture et à l'identité du quartier ; ils s'expriment sur les évolutions du Trastevere. Peintures et estampes illustrant le quartier à travers les époques.
Chaîne de première diffusion
RAI - RAI Tre
Forme audiovisuelle
Documentaire
Thème principal
Urbanisme et cités
Générique
- Cherubini Andrea - Auteur œuvre originale
Contexte
Trastevere
Stéphane Mourlane
Le quartier du Trastevere est l’un des 20 rioni qui découpent le centre historique de la ville de Rome (Municipio I). Désigné dans la nomenclature administrative par le code R.XIII, il est le seul rione situé au-delà du Tibre, comme le signifie son nom Adossé à la colline du Janicule, son patrimoine révèle les différentes strates de l’histoire de Rome.
Aux origines de la ville, le fleuve constitue d’ailleurs une frontière entre Rome et l’Étrurie que l’on ne franchit que par le pont en bois Sublicius construit au VIIe siècle avant J.C. Ce n’est qu’un siècle plus tard, que l’urbanisation s’y développe pour accueillir une population essentiellement orientale où dominent Juifs et Syriens. Le quartier est ensuite annexé à Rome par Auguste avant d’être inclus dans l’enceinte du mur d’Aurélien. Il présente alors une grande mixité sociale, puisqu’à proximité des ruelles populaires et cosmopolites, des grandes familles romaines viennent y bâtir des villas. Le Trastevere est également le lieu d’implantation du premier christianisme à Rome. On y trouve parmi les plus anciennes églises de la ville. La basilique Sainte-Marie-du-Trastevere est ainsi l’un des premiers lieux de culte reconnu de la ville : elle est construite dans sa forme originale par le pape Calixte 1er au début du IIIe siècle avant d’être reconstruite au XIIe et XIIIe siècles sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui ornée, à l’intérieur comme à l’extérieur, de magnifiques mosaïques. Les églises Saint-Chrysogone (IVe siècle) et Sainte-Cécile (Ve siècle), toutes deux reconstruites aussi par la suite, constituent d’autres témoignages de l’ancienneté de la christianisation du quartier.
Au Moyen-Age, le Trastevere présente un profil urbanistique fait d’un entrelacement serré de rues et ruelles ; l’habitat y est dense et irrégulier. La population juive y demeure importante (jusqu’à ce que le pape Paul IV ne la transfère dans le ghetto en 1555) ; elle est composée de petits commerçants et artisans. Les élites apprécient toujours le quartier : villas et jardins appartiennent à la noblesse ou encore aux ordres religieux très implantés. Face à l’église Sainte-Cécile notamment, on peut voir de nos jours certaines de ces maisons médiévales, massives et dissymétriques avec leurs portiques murés, leurs lourdes arcatures et leurs loggias.
En 1527, le Trastevere est particulièrement touché par le sac de Rome mené par des troupes à la solde de Charles Quint dans le cadre des guerres d’Italies qui, depuis la fin du XVe siècle, transforment la péninsule la Péninsule en champ de bataille entre puissances européennes. Si par la suite, la construction du Pont Sixte en 1573 désenclave un peu plus le quartier en le reliant au champ de Mars, il reste à l’écart des grandes réformes urbanistiques qui caractérisent au XVIIe siècle la Rome baroque. Seul le pape Paul V (1605-1621) contribue à son développement par la construction d’un aqueduc acheminant l’eau du lac de Bracciano dans le Latium. L’insalubrité subsiste toutefois. Le quartier s’appauvrit et se fait dangereux. Symbole d’une marginalité périphérique, on y installe en 1729 un hospice des fous. Pour autant, le Trastevere continue une étape du Grand Tour pour les pèlerins et les voyageurs issus de l’aristocratie européenne qui au XVIIIe siècle en étape à Rome. Ces voyageurs contribuent très largement dans leur récit à brosser le portrait-type des Trastévérins. Les habitants du quartier se reconnaissent et entretiennent cette image d’une population issue en ligne directe des antiques Romains. Peu importe que le quartier se soit nourri des migrations successives, on préfère le désigner comme le « plus romain », un label que l’on se dispute avec les habitants du rione Monti, parfois violemment, à coup de jets de pierre sur le Forum, jusqu’à la période moderne (c’est à dire ?). Ces affrontements viennent d’ailleurs alimenter l’image des Trastévérins, fiers et orgueilleux, enclins à la rixe. N’aime-t-on pas à rappeler qu’ils furent les seuls à se révolter en 1798 contre l’occupation des troupes napoléoniennes ? Au rang des stéréotypes, dévotion et paresse viennent également compléter le tableau. .
Toujours est-il que par son histoire autant que par sa légende, le Trastevere attire aujourd’hui Romains et touristes. Le quartier populaire à la réputation malfamée du XIXe et du début du XXe siècle est devenu l’un des hauts lieux de la restauration et de la vie nocturne romaine. Étendu sur 1,8 km2 et comprenant près de 22000 habitants en 2010, il est devenu aussi une zone résidentielle prisée. La flambée du marché immobilier actuel n’encourage assurément plus le brassage social qui a pourtant forgé l’identité du quartier.
Bibliographie :
Catherine Brice, Histoire de Rome et des Romains de Napoléon 1er à nos jours, Paris, Perrin, 2007.
Massimo Cataneo, La sponda sbagliata del Tevere. Mito e realtà di una identità populare tra Antico Regime e Rivoluzione, Napoli, Vivarium, 2004.
Laura Gigli, Guide rionali di Roma. Rione XIII. Trastervere, Roma, Palombi, 1981-1987.
Domenico Pertica, Storia dei rioni di Roma, Roma, NES, 1992.