1940: l'Italie attaque la France |
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Titre de la collection
Prigionieri di Guerra Alleati in Italia : 1940 - 1945
Date de première diffusion
21/02/2008
Résumé
Mussolini déclare la guerre à la France et l'Angleterre le 10 Juin 1940.
Le 21 juin, l'armée italienne envahit la France. Il s'agit d'une désastreuse offensive sur les Alpes qui prend fin à l'arrivée à Menton, avec plus de six cents morts et deux mille blessés.
Le 24 juin, la France et l'Italie signent l' armistice.
Chaîne de première diffusion
RAI - RAI Uno
Forme audiovisuelle
Montage d'archives
Thème principal
Enjeux historiques contemporains XIXe-XXIe s.
Générique
- Quattrina Mauro Vittorio - Réalisateur
Lieux
- Italie - Nord Occidentale
- France - Sud Est
Contexte
1940, l’Italie attaque la France
Stéphane Mourlane
La déclaration de guerre de l’Italie à la France, le 10 juin 1940, est considérée comme un « coup de poignard dans le dos » selon la formule du président américain Roosevelt. En effet, à cette date, l’armée française est largement en déroute à la suite de l’attaque lancée par l’Allemagne sur le front de l’Est. Sous la menace, le gouvernement français vient de quitter Paris pour se réfugier à Tours. Mussolini, qui a signé un pacte d’acier avec Hitler le 22 mai 1939, demeure jusqu’à ce moment dans une position de neutralité en raison de l’impréparation de l’armée italienne. En juin 1940, il voit toutefois dans la débâcle française une opportunité de faire valoir ses prétentions territoriales sur le Comté de Nice, la Savoie, la Corse et la Tunisie. « J’ai besoin de quelques milliers de morts pour m’asseoir à la table de la paix » indique-t-il à son chef d’État-Major, le maréchal Badoglio.
Dans jours qui suivent la déclaration de guerre, la frontière franco-italienne n’est le théâtre que de quelques escarmouches. Si les forces italiennes sont en supériorité numérique, le contexte stratégique ne leur est pas favorable. L’État-Major italien n’a ainsi jamais établi de plans d’attaque contre la France, privilégiant les stratégies défensives derrière les fortifications du « Vallo Alpino ». Le positionnement tactique des troupes sur la frontière alpine n’est donc pas propice à l’offensive. En outre, les 300 000 hommes du Groupe armée ouest commandé par le prince héritier Umberto sont pour la plupart mal entraînés et mal équipées. Du côté français, si la IVe armée a été largement amputée de ses troupes, transférées sur le front de l’Est, le général Orly dispose encore de 175 000 hommes. 85 000 d’entre eux sont stationnés à la frontière dans les ouvrages fortifiés qui prolongent la ligne Maginot. Si certaines de ces fortifications datent des tensions franco-italiennes des années 1870-1880, beaucoup ont été construites dans les années 1930. Modernes et fortement armées, elles sont reparties en trois secteur entre le Mont-Blanc et la Méditerranée (Savoie, Dauphiné et Alpes-Maritimes). Leur implantation leur permet de verrouiller les points de passage importants et les accès le long des vallées.
La barrière paraît infranchissable pour les Italiens soumis au feu de l’artillerie française et à des conditions climatiques très mauvaises : les gelures mettent hors de combat de nombreux soldats. Pourtant, Mussolini décide de lancer une grande offensive. Hitler lui a en effet indiqué lors d’une entrevue le 18 juin que l’Italie ne pourra occuper que les territoires conquis. Alors que la France s’effondre, le temps presse. Le 19 juin, l’infanterie italienne passe donc à l’attaque sans le soutien d’une artillerie suffisante et sans appui aérien. Dans ces conditions, seuls quelques postes avancés faiblement armés sont conquis, guère plus au-delà d’un kilomètre de la ligne frontalière. La ligne principale de défense française située environ à cinq kilomètres n’est non seulement pas menacée, mais permet à l’armée des Alpes de mener des contre-offensives comme celle du Mont-Chaberton. Les Italiens connaissent leur seul succès à Menton non sans difficultés. Les Français leur opposent une farouche résistance, notamment sur le Pont Saint-Louis tenu plusieurs jours par seulement 9 soldats.
Les combats cessent le 24 juin avec la signature d’un armistice signé à Olgiata près de Rome, deux jours après celui signé avec l’Allemagne qui scelle la défaite française. L’armée italienne a payé un lourd tribut dans cette bataille (642 morts et 2631 blessés contre 37 morts et 63 blessés du côté français) pour un maigre résultat. Elle occupe environ 800 km2 soit 13 communes et 8 hameaux comprenant 28 000 habitants dont 21 700 Mentonnais. En outre, l’armistice prévoit une zone démilitarisée sur une bande de 50 km du côté français, le long de la frontière. Les prisonniers italiens sont libérés tandis que les 150 prisonniers français sont transférés au camp de Fonte d’Amore, près de Sulmona dans les Abruzzes.
Plus tard, lors de l’invasion par les Allemands de la zone libre le 11 novembre 1942, les Italiens en profitent pour étendre leur zone d’occupation à la plupart des territoires à l’Est du Rhône à l’exception de Lyon, Avignon et Marseille.
Bibliographie :
Henri Azeau, La guerre franco-italienne juin 1940, Paris, Presse de la Cité, 1967.
Vincenzo Gallinari, Le operazioni del giugno 1940 sulle Alpi occidentali, Roma, USSME, 1981.
Frédéric Le Moal, Max Schiavon, Juin 1940, la guerre des Alpes : enjeux et stratégies, Paris, Economica, 2010.
Jean-Louis Panicacci, L’occupation italienne. Sud-Est de la France, juin 1940-septembre 1943, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.