- Silence

- Sfax 12 janvier 2011.

- Tunis 14 janvier 2011.

- Gloire à la mère de Mohammed et à son enfant, gloire à la Tunisie, sa terre et son ciel.Gloire aux sœurs qui le pleurent, comme pleurent les nobles leurs frères,

- de nombreux visages le pleurent, jusqu’à lui ressembler, un visage qui revient sans cesse, jusqu’à atteindre la maturité.

- 17 décembre…14 janvier

- Il y a toujours mille soleils à l'envers des nuages.

- Musique

- Mohammed Bouazizi était très gentil, très bien éduqué, un travailleur acharné, il passait tout son temps à travailler, il ne mangeait qu’avec ce qu’il gagnait.

- L’immolation de Mohammed Bouazizi a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

- La barrière de la peur était franchie.

- J’ai 35 ans, mais je sens que je ne suis libre que depuis 8 mois.

- Sfax a bougé, puis Kasserine, Tataouine, Ben Gardane, et enfin Tunis le 14.

- Musique

- Un instant a fait basculer la vie d’un jeune tunisien, qui s’est révolté comme il ne supportait plus la répression et l’indifférence. Le peule s’est empressé de le soutenir,

- et le régime s’est tourné vers le peuple, avec précipitation, et d’un côté les réformes insignifiantes et les visites ministérielles sans intérêt, et de l’autre la répression terrible.

- C’est à ce moment là que les citoyens ont protesté. Avant, le mouvement politique concernait les syndicalistes et les hommes de droit.

- Les responsables de syndicats de tous les secteurs,

- de l’enseignement, de la santé, etc. se sont réunis le 18 décembre pour organiser une protestation pacifique,

- mais on a été étonné par la présence massive des forces de sécurité et de la répression. On a demandé la levée du blocus répressif sur la ville,

- on s’est retrouvé bloqués dans notre centre, on a essayé de faire la même chose à Sidi Bouzid, le dimanche, mais sans réussir.

- Le premier jour, des protestations ont eu lieu devant le siège de la wilaya. Puis le 18, des renforts de sécurité sont arrivés à Sidi Bouzid, de partout.

- Les habitants étaient unis,

- quand ils ont voulu refaire une marche vers le siège de la wilaya, des affrontements ont eu lieu.

- Après ça, j’ai compris que les gens ne craignaient pas la présence massive des forces de sécurité.

- Les revendications ont pris peu à peu de l’ampleur. Juger l’agent communal ou le wali qui ne se préoccupait pas de la région ne suffisait plus.

- Les slogans portaient sur la source des problèmes : le chômage et la répartition inéquitable des richesses.

- Le message a trouvé un écho. On n’était pas les seuls touchés par les problèmes de la région ou l’immolation de Bouazizi.

- Tous les citoyens ont senti qu’ils étaient concernés.

- Le problème du chômage, dans chaque famille il y a 4 à 5 chômeurs

- et parmi eux certains sont diplômés d’université.

- Ils n’avaient pas de quoi manger, alors comment ne pas sortir pour protester?

- On a décidé que les syndicats devaient organiser des mouvements dans tous les bureaux locaux, pour apaiser la tension qui régnait sur Sidi Bouzid.

- Le 20 décembre, les villes de Regueb, Meknassy et Sid Bouzid ont organisé des manifestations pacifiques, ni plus ni moins.

- Malgré le silence médiatique sur les événements de Sidi Bouzid, les villes et les villages alentours ont parfaitement reçu le message.

- Cette place au centre de la ville de Regueb a était témoin du début d’une épopée.

- On est sorti, il y avait 15 enseignants et quelques citoyens, on est arrivé à la place principale de Regueb et là il y avait environ mille manifestants.

- Les rassemblements se sont poursuivis quotidiennement jusqu’au 24.

- Les gens étaient unis, il y’avait le chômeur, le diplômé et le travailleur. On a été surpris par la réaction de la police :

- 12 bus venus de tous les coins de la république. Ils sont venus dans une petite ville de 7000 habitants, et 75 mille habitants dans la région.

- On a compris qu’ils voulaient étouffer les protestations comme c’était le cas à Redeyef.

- Ils se sont concentrés sur cette place.

- Tout le monde a résisté dans cette région, même les femmes et les enfants.

- Je remercie les lycéens et leurs enseignants, tout le monde a apporté son soutien.

- Ville de Regueb.

- Les événements se sont poursuivis jusqu’au 9 janvier. L’événement le plus important s’est déroulé ce jour là :

- 5 martyrs sont tombés dans la ville de Regueb, pendant l’après-midi, entre midi et 16 heures.

- En un clin d’œil les choses ont empiré et la ville a entamé une grève générale de 6 jours.

- La ville de Regueb, le 9 janvier 2011.

- Le pain nous parvenait de Sfax, Meknassy, Ben Ali, El Mazouna et Sidi Bouzid, pendant que nous poursuivions la désobéissance civile. Le 14, après 3 jours, les autorités ont décidé de mettre fin à cette désobéissance

- et d’appréhender tous les résistants de Regueb. Alors nos frères à Sfax ont commencé à manifester, ce qui nous a permis de nous libérer de la répression.

- Musique

- La ville de Menzel Bouziane a répondu présente à l’appel, à son tour. Ces rues ont vu les confrontations les plus violentes. La plus violente a eu lieu le vendredi 24 décembre, suite à cette marche pacifique.

- Les protestations ont commencé exactement le 19 à Menzel Bouziane. Tout paraissait calme pendant la journée, il y’avait des tags sur les murs, des distributions de tracts

- et des annonces qui appelaient au rassemblement.

- Les protestations se sont multipliées jusqu’à l’arrivée des renforts de sécurité.

- Les renforts des autorités étaient énormes, et ils visaient à marcher sur l’honneur de Menzel Bouziane pendant les protestations.

- Ce qui nous a conduits à les confronter de toutes nos forces, à mains nues, pour défendre notre dignité, notre liberté et notre honneur.

- Les manifestations se sont poursuivies jusqu’au 24 décembre, et là s’est produit un moment décisif à Menzel Bouziane. C’est ce jour, à 3 heures,

- que le premier martyr de la révolution est tombé, il s’appelait Mohammed Laamari, il était professeur de physique. Deux balles ou trois en pleine poitrine ont pris sa vie.

- Musique

- C’était une personne de bonne éducation, il était diplômé d’université. Il passait par là ce mardi, pour aller passer son examen du CAPES à Sidi Bouzid. Il est mort le vendredi.

- On m’a informé de sa blessure, alors je me suis précipité à l’hôpital pour le voir. La balle avait transpercé sa poitrine.

- Je remercie les médecins de tout le pays pour leur travail sans relâche, ils ont fait tout leur possible pour sauver mon fils.

- Des renforts inimaginables sont arrivés ce jour-là, Bouziane est restée sous le siège pendant 8 jours.

- La rue était complètement vide. Il y avait environ 2000 policiers dans cette seule ville.

- Musique

- Jusqu’au jour où le président déchu a prononcé son discours. Un quart d’heure après, tous les habitants de Bouziane sont sortis pour manifester leur mécontentement sur ce discours

- et faire savoir que personne ne pourrait les arrêter. Jusqu’au 14 janvier,

- les gens ont passés leurs nuits devant la mairie, tout était fermé, jusqu’à la chute du dictateur.

- Les événements de Menzel Bouziane sont le tournant qui a permis la propagation de la révolution. Avec la montée en puissance de l’appareil répressif

- la résistance s’est endurcie et le défi a grandi. La flamme a atteint les villes de la wilaya :

- Djelma, Ben Aoun, El Mazouna, Bir El Hafey et Meknassy.

- Le jour le plus important des manifestations a été le 24 décembre, le siège du centre de police a eu lieu, dirigé par un groupe de syndicalistes et d’intellectuels.

- Les revendications étaient claires : le retrait de la police de la ville de Meknassy

- et le lancement d’une enquête sur l’agression du professeur Issam Ghabi.

- La police a essayé de gagner du temps en attendant l’arrivée de renforts.

- Les manifestants ont été agressés physiquement, ce qui a conduit à leur dispersion. Certains manifestants sont partis arrêter les renforts qui arrivaient de l’extérieur.

- Musique

- Cette place a connu des batailles violentes contre la police, qui a utilisé des bombes lacrymogènes,

- provoquant ainsi l’étouffement de plusieurs personnes, surtout les moins jeunes.

- La police avait fermé tous les passages, et tous les individus interpellés ont subi des tortures.

- Une grande confrontation à Meknassy a fait plusieurs blessés, moi-même j’ai été blessé et je suis resté 20 jours à l’hôpital.

- Les jeunes ont résisté, ils se sont confrontés de nuit aux forces de répression,

- et quotidiennement, pendant la journée, des marches avaient lieu.

- Nos revendications étaient politiques, la plus importante était la chute du régime,

- la plus importante était la chute du régime, notre région a été la première à la revendiquer.

- On était persuadé que ce régime d’oppression et de tyrannie était faible et qu’il allait tomber.

- On ne savait pas quand, mais on savait que ça arriverait bientôt,

- notamment après le discours du 13, on s’est rendu compte que le régime tremblait et qu’il touchait à sa fin.

- Musique

- Pendant ce temps, les manifestations contre le régime ont atteint les dernières wilayas. Ses mensonges et ses crimes à Thala et Kasserine ont été dévoilés.

- Les villes et les villages, du nord au sud et de l’est à l’ouest, ont fusionné. Le peuple a triomphé. L’appel ne tenait qu’en un mot.

- Tunis :

- 14 janvier 2011

- Dégage ! Dégage ! Dégage !

- Musique