Mal de mer : traversées incertaines [...] en Méditerranée après 1945

Introduction

Mal de mer : traversées incertaines, regards douloureux en Méditerranée après 1945.

Y.Gastaut                                                               
 
 
La Méditerranée est riche de représentations les plus variées, témoignages de la force attractive de cette mer, espace de rencontre autant que de conflits. De multiples récits ont évoqué cette mer si présente, nourrissant un imaginaire fécond.
Au diapason de ces voyageurs en « Orient » de la première moitié du XIXème siècle[1] (comme le montre cet émission sur une exposition intitulée « L’Orient des Provençaux » plusieurs générations d’observateurs, savants, artistes, écrivains, poètes, musiciens mais aussi des simples témoins ont exprimé par des mots ou des images le moment singulier de la traversée de la mer.
 
 
 
Pendant l’entre-deux-guerres, avant Paul Morand qui, après avoir effectué un périple autour du bassin méditerranéen en 1938, livre ses impressions intitulées Méditerranée, mer des surprises[2], Henry de Montherland porte sur Tanger un regard émerveillé en 1930 : « La mer, par la perspective, semblait suspendue au dessus de la ville. D’un seul regard on embrassait l’Europe et l’Afrique »[3]. Le même engouement s’exprime chez l’écrivain tunisien Ali Douagi racontant son Périple à travers les bars de la Méditerranée accompli en 1933, sur le mode du récit d’aventure nourri de passion et d’humour[4].
D’une rive à l’autre, le regard sur la mer a su s’attarder sur la beauté du paysage et des couleurs, la rêverie occasionnée par les flots, mais aussi la force attractive de la mer. Celle qui par exemple ronge Ulysse, le héros d’Homère dans l’Iliade et l’Odyssée (entre -850 et -750). Mais aussi celle qui ronge Marius le héros de la trilogie de Marcel Pagnol[5] : rêvant d’ailleurs, ce fils de patron de café fréquente le les quais du port de Marseille en quête d’un voyage au long cours, au grand dam de Fanny : leur amour ne résiste pas à cet appel du large. Ce rêve de traversée a, pour d’autres motivations, pu animer les populations du sud du bassin.
 
 
En intégrant ces autres « envies de traversées », le regard sur la mer ne se limite pas à des images iréniques : loin des portraits louangeurs et des visions unificatrices ou chargées d’espérance, la mer a pu représenter un écueil voire un déchirement. Pour celui qui n’a pas choisi, subissant des événements qui le dépassent, traverser la mer s’apparente à une expérience douloureuse et improbable. Déracinés provisoires ou définitifs, ces migrants ont souvent porté sur l’espace maritime un regard angoissé même si l’espoir subsiste.
Si l’on s’en tient à la période d’après 1945, plusieurs ensembles de populations ont été contraints à s’embarquer dans des conditions difficiles.
 


[1] Voir Michèle Salinas, Voyages et voyageurs en Algérie (1830-1930), Toulouse, Privat, 1989 ou Jean-Claude Brechet, Le voyage en Orient, anthologie des voyageurs français dans le Levant au XIXème, Paris, Laffont, 1992. Voir plus récemment, l’exposition virtuelle de la BNF intitulée « Le voyage en Orient » : http://expositions.bnf.fr/veo/
[2] Paul Morand (1888-1976), Méditerranée, mer des surprises, Paris, Mame, 1943.
[3] Henry de Montherland (1985-1972), « un Noël à Tanger » in Lumière et Radio, n°16, décembre 1930.
[4]Ali Douagi (1909-1949), Périple à travers les bars de la Méditerranée, Tunis, MTE, 1962 ; voir également Michel Potet, Ali Douagi, un humoriste en croisière, in Revue de littérature comparée, 1-1994, pp.29-34.
[5] Marcel Pagnol (1895-1974), Marius, Paris, Fasquelle, 1928, pièce de théâtre adaptée au cinéma par Alexandre Korda en 1931.

Introduction

I. Exodus, une dramatique erran...

II. Une mer du malheur aux temp...

III. La mer, point de départ de...

IV. Traversées apaisées ?

Résumé

La Méditerranée est riche de représentations les plus variées, témoignages de la force attractive de cette mer, espace de rencontre autant que de conflits. De multiples récits ont évoqué cette mer si présente, nourrissant un imaginaire fécond. Au diapason de ces voyageurs en « Orient » de la première moitié du XIXème siècle (comme le montre cet émission sur une exposition intitulée « L’Orient des Provençaux » plusieurs générations d’observateurs, savants, artistes, écrivains, poètes, musiciens mais aussi des simples témoins ont exprimé par des mots ou des images le moment singulier de la traversée de la mer. [...]

Auteur

Gastaut yvan
Maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Nice-Sophia Antipolis, URMIS.